L’Allemagne envisage d’adopter une législation qui contraindrait les grandes sociétés à faire la lumière sur leur chaîne d’approvisionnement, ce qui garantirait une meilleure protection des individus et de l’environnement mondial1 APour l’heure, les violations des droits humains fondamentaux sont fréquentes dans les chaînes de valeur et d’approvisionnement. Les exemples abondent : exploitation des ouvriers des usines de textile par les fournisseurs de Boohoo,2 Iutilisation de bois ukrainien issus de forêts protégées par Ikea3 ou encore Nanchang O-Film Tech, fournisseur d’Apple, qui aurait recours au travail forcé.4
« L’exploitation des hommes et de la nature et le travail des enfants ne peuvent devenir le socle de l’économie mondiale et de notre prospérité », estime Gerd Müller, ministre allemand de la Coopération économique et du Développement. « Cela pourrait créer un effet boomerang et se retourner contre nous. Notre modèle socioéconomique peut servir de modèle pour l’économie mondiale. »
Quel devrait être, selon vous, l’effet du projet de législation allemand ?
Des pratiques commerciales laxistes peuvent facilement s’immiscer dans des chaînes d’approvisionnement complexes et décentralisées, d’autant plus lorsque les entreprises se concentrent sur la réduction des coûts. Nous avons donc besoin d’une loi visant spécifiquement à mettre en oeuvre les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, et ce afin de renforcer la protection que l’Allemagne accorde aux individus et à l’environnement. La traçabilité est cruciale, mais elle peut s’avérer compliquée dans certains secteurs. La publication de listes de fournisseurs de premier rang renforcera la transparence.
Comment analysez-vous les risques esg au sein des chaînes d’approvisionnement ?
Comment les sociétés peuvent-elles tenir compte des critères esg par rapport à leurs fournisseurs, et comment établir des règles et veiller à leur respect ?
Il existe un risque systémique dans chaque secteur et les investisseurs particuliers disposent de ressources limitées. L’engagement et la collaboration sont donc essentiels. C’est pourquoi au Royaume-Uni, nous avons pris un engagement collaboratif en la matière. Tout comme les investisseurs, les sociétés doivent collaborer. Nous les encourageons à collaborer entre elles ainsi qu’avec les autres parties prenantes pour répondre aux défis.
Comment cela se passe-t-il dans les pays qui ont déjà mis en oeuvre une législation similaire, par exemple la france ou les pays-bas ? Quel a été l’impact sur les sociétés et leurs performances ?
Est-il légitime de craindre qu’une telle législation puisse avoir un impact sur la compétitivité ?
Quel est le rôle des profils esg des entreprises et de leurs fournisseurs dans votre gestion des risques ? Avez-vous des exemples concrets à l’appui ?
Comment les petites sociétés s’en sortent-elles à cet égard ?
A mesure que les lois en matière de diligence, telles que celle de l’Allemagne, se développeront, les entreprises devront se montrer proactives dans l’évaluation des risques de leur chaîne d’approvisionnement et dans l’amélioration de la traçabilité. La pandémie de Covid-19 a souligné la nécessité de mieux comprendre les chaînes d’approvisionnement et les expositions aux risques y afférentes.